VI

— Pas à dire, c’est du beau travail, hein, commandant ?

La voix de Bill Ballantine venait de l’arrière de l’avion.

— Je n’ai jamais douté de toi, Bill, fit calmement Morane qui tenait les commandes d’une main molle, mais sûre.

L’appareil était un vieux Morava Let L 200 construit en Tchécoslovaquie à la fin des années cinquante. Quand Bill l’avait découvert, quatre jours plus tôt, dans le hangar de l’hacienda Moro, il n’était en effet, comme l’avait affirmé ce dernier, plus en état de voler. Le train d’atterrissage était faussé et l’un des moteurs M 337 de 210 HP n’aurait même plus pu servir à moudre du café. Et, en quatre jours, avec les moyens du bord, l’Écossais avait réussi à tout remettre en état.

Maintenant, le Morava avait quitté Orozco depuis un quart d’heure. Morane volait bas afin de pouvoir étudier le paysage, sous lui. Pour découvrir un indice de la présence d’Anita Sorel ? Il n’y croyait pas beaucoup. Sous le ventre de l’appareil, la selva lacandone n’offrait que son classique tapis de caoutchouc mousse avec, par endroits, l’éclatement rose violacé d’un gaïac géant.

À l’avant de l’appareil, Bob et Sophia ; à l’arrière, Bill Ballantine et le professeur Clairembart. L’intention des quatre amis n’était pas, du moins dans un avenir immédiat, de partir à la recherche d’Anita Sorel, mais d’approcher, au-delà du barrage des troupes régulières et des Zapatistas affrontés, un village indien où, peut-être, ils trouveraient un indice du passage de la disparue. Si cette enquête préliminaire se révélait positive, une expédition de recherche pourrait être organisée dès que la situation politique le permettrait.

— Pas à dire, fit Clairembart, cet avion a vraiment été providentiel. Sans lui, il y a de fortes chances pour que nous demeurions bloqués à Orozco…

Pour converser, les occupants du cockpit devaient élever la voix pour dominer le bruit des moteurs tournant à bon régime.

— Ce qui m’étonne, remarqua Bill Ballantine, c’est cet hélico flambant neuf que j’ai repéré dans un hangar, chez Moro… Un Hugues 500 en parfait état… Du moins c’est ce qu’il m’a semblé… Pourquoi Moro ne nous en a-t-il pas parlé, au lieu de me laisser faire tout ce boulot sur ce vieux clou ?… Je vous en ai parlé à vous, commandant, et ça n’a pas eu l’air de vous étonner…

— Je te répète ce que je t’ai dit alors, Bill, fit Morane. Moro ne tenait pas à nous prêter son hélico de peur qu’on ne le lui ramène en pièces détachées.

— Et rappelez-vous de ce que Moro nous a dit quand il nous a parlé de cet avion, intervint Sophia. Quelque chose comme ça : « … On s’en servait pour pulvériser des insecticides, mais on procède autrement maintenant. » Sans doute faisait-il allusion à son hélicoptère et…

Un choc coupa la parole à la jeune femme, et l’avion vibra dans toutes ses membrures.

— C’qui se passe ? interrogea Ballantine.

À gauche, à droite du Morava, il y eut des éclatements sonores, suivis chaque fois d’une violente secousse.

— On nous tire dessus ! cria Sophia.

— Plongez, Bob ! hurla Clairembart. Plongez !

Morane n’avait pas attendu ce conseil, avait fait plonger l’appareil, presque en piqué, en direction du tapis vert de la forêt. Au-dessus, des projectiles continuaient à éclater, impuissants.

À quelques mètres à peine du sommet de la canopée, Morane redressa. Le sommet des arbres défila sous le ventre de l’avion. Si près qu’on eût pu, semblait-il, les toucher de la main.

— Eh ! commandant, cria Bill. Faut pas nous faire tomber de mal en pis.

— La seule façon d’échapper à ces canardeurs, dit Morane.

Le danger passé, les passagers du Morava s’étaient détendus.

— Qu’est-ce que c’était, Bob ? interrogea Sophia.

— On aurait dit des fusées sol-air. N’importe quel fantassin peut les lancer à l’aide d’un lance-roquettes personnel.

Heureusement, en l’occurrence, ceux-ci ne savaient pas s’en servir.

— À votre avis, Bob, demanda Clairembart, il s’agissait des réguliers ?

— Sans doute, professeur. À moins que les Zapatistes ne possèdent eux aussi des lance-roquettes… Il y a pourtant quelque chose qui m’étonne. Comme vous le savez, j’ai pris soin, en quittant Orozco, d’accomplir un grand cercle pour éviter les positions de l’armée régulière. Or, on nous a canardés d’un endroit où, logiquement, ne devait se trouver aucun groupe armé… Un peu comme si on nous attendait…

— Sans doute un hasard, dit Ballantine.

— Bill a raison, approuva Sophia. Des militaires, ou des Zapatistes se trouvaient là par hasard. Ils ont entendu le bruit d’un avion et ils lui ont tiré dessus…

— Qu’en pensez-vous, professeur ? interrogea Morane par-dessus son épaule.

— Jusqu’à preuve du contraire, répondit l’archéologue, je suis de l’avis de Bill et de Sophia… Le hasard, oui…

Bob Morane ne fit pas de remarque. Il savait que le hasard avait le dos solide. Aristide Clairembart enchaînait :

— Et l’avion, Bob ?… Pas de mal ?…

— On ne dirait pas, professeur… Les moteurs continuent à tourner rond. Les commandes réagissent bien… Ces maladroits, là en bas, nous ont manqués…

Morane avait repris un peu d’altitude. Devant le nez de l’appareil, le tapis de haute laine de la selva fut brusquement tranché comme par un coup de rasoir. Une plaie brillante.

— Le rio Usumacinta ! dit Sophia.

Le ciel de zinc, lourd, pesait sur la nature, l’écrasait. Le rio lui aussi n’était qu’une coulée d’étain frotté sur le vert-de-gris de la forêt que, par endroits, le faîte d’un mappa en fleurs tachait de cuprite pourpre.

— Le village indien dont nous a parlé Moro doit se trouver là quelque part, fit encore Sophia.

Ce fut à peine s’ils durent chercher, et Ballantine découvrit le village en question à proximité de la rivière.

À plusieurs reprises, l’avion survola les cases couvertes de feuilles de faux bananiers, mais sans qu’aucune présence humaine ne s’y manifeste.

— On dirait que le village est déserté, dit Clairembart.

— Peut-être les habitants ont-ils fui à l’approche de l’avion, supposa Morane. Il arrive que les villages soient mitraillés du ciel… On va tenter de se poser le plus près possible pour aller jeter un coup d’œil.

À quelque distance du village, ils repérèrent une courte savane pelée qui offrait des possibilités d’atterrissage. Morane la survola plusieurs fois, à basse altitude, pour étudier le terrain. Ne découvrit rien qui pût risquer de provoquer un capotage. Décida d’atterrir.

Le Morava se posa sans encombre. Morane dut user violemment des freins, car l’aire était un peu courte, mais l’appareil stoppa à quelques mètres du mur de la forêt.

Tout le monde mit pied à terre.

— Nous allons nous équiper, décida Bob. Ensuite, nous camouflerons l’avion avec des branchages et gagnerons le village indien à pied.

Avant de quitter Orozco, ils avaient obtenu de Moro le matériel dont ils avaient besoin. Vivres, nécessaire de camping, machettes… Un seul fusil de chasse à deux coups, calibre 24, mais cela suffisait pour chasser si le besoin s’en faisait sentir… Bob Morane et ses amis n’étaient pas là pour faire la guerre…

L’avion fut poussé contre la lisière de la forêt et recouvert de palmes et de broussailles, de façon à ce que, parfaitement dissimulé, il ne put être repéré du ciel. Même, au sol, il aurait fallu l’approcher de très près pour le remarquer.

Avant l’atterrissage, Bill avait soigneusement repéré la situation du village à la boussole. Morane jugeait qu’il faudrait moins d’une heure de marche pour l’atteindre.

 

*

* *

 

Il s’agissait d’une forêt primaire, relativement pauvre en sous-bois, et la progression s’y révélait aisée. Sauf par endroits, où de vieux brûlis avaient favorisé la poussée des broussailles. Il fallait alors, sur de courtes distances, user de la machette.

Bob Morane venait en tête. Sophia et le professeur suivaient. Bill fermait la marche. Les trois hommes et la jeune femme allaient en silence, sans se presser, regardant à chaque pas où ils posaient le pied, précaution indispensable en forêt tropicale. De temps à autre, Bob consultait sa boussole pour ne pas risquer, dans un décor sans lignes horizontales, de tourner en rond.

Ils progressaient depuis trois quarts d’heure environ, dans une touffeur de serre, quand Bob stoppa soudain, jeta par-dessus son épaule :

— Écoutez…

Tous s’arrêtèrent, l’oreille aux aguets. Un léger bruit leur parvenait. Un bourdonnement doux, parfois discret, parfois plus sonore.

— On dirait des insectes, dit Sophia.

— Des mouches, ou des moustiques, précisa Clairembart.

Il s’agissait bien de mouches. Des milliers de mouches. Elles tournaient, puis s’abattaient sur plusieurs formes oblongues étendues sur le sol, et elles s’envolèrent quand, à grands gestes, Morane et ses compagnons les chassèrent. Pourtant, elles demeurèrent dans le voisinage, vrombissant de rage d’avoir été dérangées.

Quatre hommes gisaient sur le sol. Des Indiens. Visiblement, ils étaient morts de mort violente, car ils portaient des traces de balles.

— Massacrés, décida Morane. Voilà pourquoi le village paraissait désert… Allons voir plus loin…

Ce fut saisis d’un immense dégoût pour ce qui s’était passé là qu’ils continuèrent le chemin. En redoublant de précautions.

Au bout de quelques minutes, ils atteignirent le village lui-même. Sans doute un village ketchi. Vu d’en haut, les maisons paraissaient intactes, mais, de près, on distinguait des traces d’incendie. Un incendie qui, sans doute, n’avait pu se propager à cause des pluies tropicales qui entretenaient une continuelle humidité.

— Les Vautours Rouges doivent être passés par là, supposa Clairembart.

Los Zopilotes Rojos. Un ramassis de bourreaux appointés par les riches planteurs pour régner par la terreur à la moindre tentative de révolte des Indios. Pour eux ces Indios étaient moins que des hommes.

De derrière une case, un frottement de pieds sur la terre, suivi d’un gémissement. Un homme, un Indien, apparut. Il titubait. En apercevant les étrangers, il leva les bras, cria :

— Por favor ! No me mata !… No me mata por favor !…

L’homme portait une vilaine blessure à la tête. Le sang, maintenant séché, lui maculait tout un côté du visage. Il s’était arrêté, les bras toujours levés au-dessus de la tête, roulant des yeux effarés et répétant :

— No me mata !… No me mata ! Ne me tuez pas !… Ne me tuez pas !

— Nous n’avons pas l’intention de vous tuer, assura Morane en espagnol. Nous sommes des amis…

Il passa le fusil de chasse, qu’il tenait, à Bill, s’avança vers l’homme en répétant :

— Nous sommes des amis…

Voyant que Morane n’était pas armé, l’Indien laissa retomber les bras.

— Nous sommes des étrangers, dit encore Bob. Nous ne vous voulons pas de mal… Nous vous aiderons au contraire…

Le ton parut rassurer l’homme, mais il continuait à rouler des yeux effarés.

Maintenant, Bob se trouvait tout près de l’Indien. Il lui montra sa blessure à la tête, dit :

— Laissez-moi voir ça…

Docilement, l’homme se laissa faire. La plaie n’était guère profonde. La balle avait seulement ricoché sur la boîte crânienne, entamant le cuir chevelu, mais cela avait beaucoup saigné.

— Comment vous appelez-vous ? demanda Bob.

— Jacinto…

— Eh bien, Jacinto, on va vous soigner ça…

Quelques minutes plus tard, sa plaie lavée, désinfectée, saupoudrée de sulfamide, recouverte d’un pansement, l’Indien se trouvait hors de danger. Non que sa blessure fût grave, mais, sans soins, elle eût pu s’infecter, se gangrener…

— Et maintenant, Jacinto, interrogea Morane, si vous nous disiez ce qui s’est passé ci ?

— Los Zopilotes Rojos, señor. Les Vautours Rouges… Ils recherchent eux aussi les Zapatistas… Ils sont venus par le rio et ont pénétré dans le village… Il y a quelques heures… Ils ont dit que nous avions accueilli des Zapatistas… Ils ont fouillé partout et ont découvert un passe-montagne comme en portent les guérilleros… Nous ne savions pas d’où venait ce passe-montagne… Sans doute les Vautours l’avaient-ils apporté eux-mêmes… Alors, nous avons tenté de fuir… Hommes… femmes… enfants… Mais les Vautours se sont mis à tirer… Ils ont rejoint plusieurs d’entre nous et les ont abattus… Moi-même j’ai été touché à la tête… J’ai réussi à me traîner derrière une maison pour me cacher, sinon les Vautours m’auraient achevé, et j’ai perdu connaissance… Après, vous êtes venus…

— Cela s’est passé il y a longtemps ? interrogea Sophia Paramount.

— J’ai dit quelques heures, señorita

Jacinto leva les yeux vers le ciel, regarda le soleil, précisa :

— Quatre heures et demie, exactement.

— Et les Vautours, où sont-ils allés ? demanda à son tour Clairembart.

Signe d’ignorance de l’Indien.

— No sé, señor… No sé… Je ne sais pas…

— C’est juste, fit Sophia. Comment ce malheureux pourrait-il savoir ? Il avait perdu connaissance…

Mais Jacinto poursuivait pourtant :

— Ils sont venus par la rivière… Ils doivent être repartis par la rivière…

— L’évidence même, approuva Bill Ballantine.

Qui enchaîna, s’adressant à Morane :

— Si vous lui montriez la photo d’Anita Sorel, commandant ? Peut-être l’aura-t-il aperçue si elle est passée par ici…

Bob tira de sa poche une petite photo d’Anita Sorel, type photo d’identité, que lui avait remise Soller. Il la tendit à l’Indien.

— Avez-vous vu cette femme ?

L’Indien jeta à peine un regard à la photo, eut un mouvement de tête affirmatif, dit :

— J’ai vu cette señorita blanca… Elle est passée ici il y a plusieurs semaines…

— Elle a dû vous poser des questions ? demanda Sophia.

— Oui… oui… Des questions sur les plantes que nos docteurs emploient pour guérir…

— Et c’est tout ? insista Clairembart.

— Elle nous a demandé aussi si nous savions où se trouve le temple de Kukulkan… La cité fantôme…

Les quatre amis échangèrent des regards entendus. Les intentions d’Anita Sorel n’étaient peut-être pas aussi désintéressées qu’elle voulait bien le dire. Les recherches sur les pharmacopées indiennes pouvaient n’être qu’un prétexte. Tout au moins en partie.

— Où se trouve la cité de Kukulkan ? interrogea Clairembart.

Jacinto haussa les épaules.

— Personne ne le sait, señor. On dit qu’elle se trouve là-bas, très loin, dans la forêt, près de la source de la troisième rivière, celle qui n’a pas de nom… El rio sin nombre.

— Vous avez dit cela à la señorita ? s’enquit Morane.

— Oui… oui… Un métis l’accompagnait, mais elle voulait que quelqu’un d’entre nous lui serve de guide pour gagner la source de la troisième rivière… Personne n’a accepté…

— La source de la troisième rivière ! fit Clairembart en français pour ne pas être compris de l’Indien. C’est-à-dire le chemin qui mènerait à la Cité de Kukulkan…

— Peut-être, finalement, était-ce là le but réel d’Anita, supposa Morane.

Et il reprit, en espagnol, à l’adresse de Jacinto.

— Pourquoi avez-vous refusé de guider la señorita ? Par peur des Zapatistas ?

L’Indien secoua la tête.

— Les Zapatistas sont amis des Indiens… Ce sont des Indiens eux-mêmes… Non… Ce n’est pas ça… Les Lacandons affirment que là-bas, aux sources de la troisième rivière, le Serpent à Plumes est revenu… Il se venge parce qu’il a été oublié… Il tue… Des hommes sont morts… D’autres ont disparu…

— De quoi ?… Comment ?… interrogea Ballantine.

Nouveaux mouvements de tête, mais saccadés cette fois, de Jacinto.

— Je ne sais pas… Je ne sais pas… Des hommes sont morts… D’autres ont disparu… C’est tout…

— Disparu…, murmura Sophia… Comme Anita Sorel…

Jacinto continuait :

— Mais nous ne pouvons demeurer ici… Les Zopilotes pourraient revenir… Ils me tueraient… Pour de bon cette fois… Et ils vous tueraient aussi… Ils tuent même les blancs qui pourraient témoigner de leurs crimes… Il y a un autre village indien… plus haut sur le rio… Là, les gens sont nombreux… Des Lacandons. Les Zopilotes n’oseraient pas les attaquer…

— À combien étaient ceux qui sont venus ici ? interrogea Morane.

— Une demi-douzaine… Pas plus… Mais ils ont des armes automatiques…

— Ce serait trop pour nous, remarqua Bill Ballantine. Nous n’avons que cette vieille pétoire…

En parlant, l’Écossais frappait du plat de la main la crosse du fusil de chasse à deux coups qu’il portait accroché à l’épaule.

— Il faudrait une pirogue pour gagner le village dont vous venez de parler, dit Clairembart en s’adressant à Jacinto.

L’Indien eut un geste en direction de la rivière.

— J’ai un canot caché là-bas, dit-il. Les Vautours ne l’auront pas découvert…

— Montrez-nous, fit Morane.

Sur les pas de Jacinto, les quatre Européens s’éloignèrent du village. Au bout de quelques minutes de marche à travers la végétation, ils atteignirent la rivière. Là, l’Indien démasqua une grande pirogue tirée à terre et dissimulée parmi les broussailles. En parfait état, munie d’un moteur d’un modèle ancien, mais qui paraissait bien entretenu, elle pouvait accueillir une demi-douzaine de personnes. Elle fut mise à l’eau et les quatre hommes et Sophia y prirent place. Le vieux moteur hors-bord démarra au quart de tour.

Le Réveil de Kukulkan
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